L’Innovation Disruptive : aller au-delà du buzzword

Innovation Disruptive

S’il y a un terme, parmi d’autres, qui a connu une éclosion soudaine et une diffusion très large dans l’univers de l’économie et du business durant cette décennie, c’est bien celui de disruptive. Associé à des innovations, des projets, voire des entreprises, la disruption va faire référence à l’image du changement rapide, de la transformation profonde et inattendue, ou encore la menace qui guetterait des entreprises et des groupes établis.  Et comme souvent dans de pareilles situations, le concept est peu à peu galvaudé, perdant par là-même la puissance conceptuelle qui lui a permis d’éclore. 

Or le concept d’innovation disruptive est issu de travaux de recherches scientifiques. C’est Christensen dans les années 1990, alors doctorant à Harvard, qui propose le concept. Son projet de recherche est de proposer une typologie d’innovation qui permet de rendre compte de manière plus précise (et dépassant par-là la dichotomie traditionnelle entre radical et incrémental) des changements et des transformations au sein des industries.

En distinguant les innovations disruptives des innovations qui maintiennent l’ordre établi (sustaining innovations), Christensen démontre la capacité de certaines innovations à redéfinir les secteurs d’activité et à précipiter de grandes firmes vers la faillite. La typologie qu’établit Christensen n’est pas techno-centrée[1], c’est-à-dire que le côté deep tech ou pas d’une innovation n’est pas le point d’entrée de sa grille de lecture. Pour Christensen (1997) l’intérêt d’une innovation et sa qualification en « disruptive » ou en « sustaining » dépend de sa capacité à servir au mieux un attribut qui n’est pas pris en compte par les technologies actuelles et que les consommateurs valorisent de manière souvent latente. En d’autres termes, ce qui va faire la disruption c’est la réponse pertinente d’une solution innovante à un besoin non exprimé ou mal exprimé alors.

Il est donc tentant de savoir comment orienter le travail de conception des innovateurs, entrepreneurs et intrapreneurs pour concevoir des innovations disruptives. La réponse de Christensen est sur ce point frustrante. En effet, il préconise l’adoption d’un marketing agnostique, c’est-à-dire une sorte d’attentisme vigilant pour déceler rapidement l’émergence de l’expression d’un besoin.

Il est clair qu’au temps de la large diffusion des approches design thinking, où il est de plus en plus naturel d’aller vers l’utilisateur pour comprendre et ressentir ses besoins, cette recommandation qui on le rappelle date du milieu des années 1990, n’est plus satisfaisante.

Nous ne pouvons plus aujourd’hui nous permettre d’être attentiste. L’heure est à la proactivité et à l’anticipation pour découvrir les voies de développement pour tout organisation. Se pose alors la question de savoir comment peut-on répondre à cette nécessité de découvrir ce qui constituera les marchés de demain et concevoir alors les innovations disruptives.

Une des réponses satisfaisantes à laquelle nous sommes parvenus chez Makin’Ov en collaboration avec notre partenaire Unqui Designers est le développement du design prospectif. En effet, en déplaçant les approches du design thinking dans des temporalités futures, en projetant les entreprises dans des univers émergents avec un grand nombre de combinatoires possibles, nous suscitons chez nos clients la définition de projets d’innovations disruptives aussi bien pertinents pour leurs organisations qu’en phase avec des futurs émergents. Cette approche nous l’incarnons dans un jeu de design prospectif, Janvier®, qui offre un moment de co-construction entre les porteurs d’un projet ou encore les dirigeants d’entreprise, permettant de dessiner les futurs souhaitables ainsi que les projets d’innovation disruptive en phase avec leurs objectifs ambitieux, leurs valeurs et leur raison d’être. 


[1] “There are, however, innovative phenomena for which a technology-centred perspective cannot account – phenomena in which the experiences of leading incumbent firms facing the same technological transition have been shown to be very different.” Christensen et Rosenbloom (1995), p. 236.

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